Notre histoire…


Justine Desbille (Mère Gertrude) – 
1801-1866
Fondatrice de l’Institut des Sœurs de l’Enfant-Jésus de Nivelles

A l’origine de notre Lycée, il y a l’initiative d’une femme, Justine Desbille, une femme généreuse et entreprenante, qui a su discerner les besoins de son temps et y répondre avec audace.

Née en 1801, dans une famille aisée de Nivelles, elle s’est laissé toucher par la détresse intellectuelle et morale des enfants et des jeunes filles les moins favorisées, mises au travail dès leur plus jeune âge et des orphelines exploitées dans des familles dites d’accueil.

Son désir de consacrer sa vie à Dieu et de se dévouer aux enfants pauvres, la conduit d’abord au Béguinage de Nivelles ; elle acquiert le brevet nécessaire pour enseigner et pendant une dizaine d’années, elle mène une vie de prière et fait la classe aux enfants pauvres.

Mais le Béguinage, en proie à des difficultés de gestion et de relations, n’est pas le lieu où son projet peut vraiment prendre corps.  Dans la maison de campagne de sa mère, au nord de la ville, elle commence à accueillir de jeunes travailleuses privées d’école et des petites mendiantes sans travail.

Deux jeunes femmes la rejoignent et le 15 octobre 1836, Justine, devenue Sœur Gertrude, commence avec elles la congrégation des Sœurs de l’Enfant-Jésus. Selon la devise d’Ignace de Loyola, dont elles adoptent la spiritualité, elles seront des « contemplatives dans l’action », et cette action s’orientera vers ceux qui en éprouvent le plus grand besoin.  Dans leur action pédagogique, elles s’inspireront aussi de Jean-Baptiste de la Salle, le fondateur des Frères des Écoles Chrétiennes.

L’évangélisation des pauvres fut le but premier poursuivi par Mère Gertrude : avec ses sœurs, elle organise une école dominicale, des ateliers de couture et de broderie, des cours pour adultes ; elles enseignent les bases de la lecture, du calcul et de l’écriture.

Mère Gertrude se donne aux pauvres de tout son cœur, certes, mais aussi de toute son intelligence : elle met tout en œuvre pour les aider non par des dons, mais en les rendant aptes à gagner leur vie par un travail réalisé avec compétence.  Elle pressent que c’est par l’éducation que l’on combat la misère et que l’on donne aux jeunes la chance de se tenir debout dans l’existence.

À partir de 1842, quand l’État oblige toutes les communes à organiser l’enseignement primaire et l’instruction gratuite des enfants indigents, Mère Gertrude répond à des appels pour fonder des écoles ou améliorer le niveau de celles qui existaient : aux Riches Claires à Bruxelles, à Ways, Genappe, Waterloo et plus tard à Morlanwelz.

Le Béguinage de Nivelles lui est cédé en 1847 et elle y organise un enseignement gratuit.  L’épuisement de ses ressources financières va toutefois obliger à prendre une nouvelle orientation en ouvrant l’école aux enfants des familles aisées qui peuvent payer les études.  Elle a compris qu’elle pourrait redistribuer l’argent ainsi récolté au service de l’éducation des plus pauvres.

Cette capacité à percevoir les besoins et à y répondre avec audace se manifeste encore lorsque la ville de Nivelles lui demande en 1848 d’assurer la formation des institutrices. Elle perçoit immédiatement l’importance de former des formateurs pour déployer son action en des lieux où ses religieuses ne pourraient aller. Mais elle est particulièrement soucieuse de l’objectif visé : il s’agira de former des institutrices capables, non pour un faire-valoir personnel, mais pour que « le bien fait à la jeunesse soit multiplié indéfiniment » et ainsi « se rendre utile à toutes les classes de la société. »

Si son zèle était prêt à tout et fondé uniquement en Dieu, il n’en négligeait pas pour autant la compétence professionnelle.  Soucieuse de procurer aux Sœurs un savoir-faire pédagogique, elle les envoie se former auprès de Thomas Braun, un pédagogue de renom qui enseignait à l’École Normale des garçons à Nivelles.  Et quand la ville de Nivelles ouvre une école gardienne et lui en confie la direction, elle envoie deux Sœurs se former aux méthodes Fröbel à Mons, puis à Bruxelles et à Lille.

En achetant l’ancien collège des Jésuites à Brugelette en 1857, elle réalise le projet qu’elle portait au cœur depuis longtemps : donner une famille à des orphelines.

D’hier à aujourd’hui…

Celles qui ont continué son œuvre ont voulu répondre aux appels qui leur parvenaient, s’adaptant sans cesse aux besoins de l’époque et des lieux, en collaboration croissante avec les laïcs.

A la demande du curé de la paroisse Sainte Gertrude à Etterbeek, les Sœurs de l’Enfant-Jésus ont fondé en 1894 une école pour jeunes filles de la bourgeoisie ouvrant d’abord des classes gardiennes et primaires et une école moyenne ; au fil des années seront créées diverses sections d’enseignement général, technique et professionnel, l’Institut Supérieur de Commerce, devenu l’ICHEC ; l’école Supérieure de secrétariat, l’ESCEDI, et l’Institut Supérieur Animation-Loisirs-Tourisme, l’ISALT.

En 1929, les sœurs de l’Enfant-Jésus répondaient aux besoins de la paroisse de Kinkempois (Angleur) en créant une école primaire et un 3e degré.  Le développement de l’enseignement technique et professionnel les amènera à ouvrir l’Institut Maria Goretti.

Aux écoles normales primaires de Nivelles et de Brugelette viendront s’ajouter l’École Normale moyenne de Nivelles, les écoles normales techniques d’Etterbeek et de Brugelette, l’école d’éducatrices de Brugelette et dès 1913 les diverses sections d’humanités quand on pressentit que l’université allait ouvrir ses portes aux jeunes filles.  C’est là l’origine du Lycée de l’Enfant-Jésus de Nivelles.